Du IIe siècle après J.C. à l’an 1492
Sur des terres occidentales de Méditerranée, qui formeront plus tard la Catalogne, les écrits nous relatent la présence de communautés israélites depuis le deuxième siècle après J.C. En témoignent les preuves documentées sur des inscriptions trilingues en hébreu, latin et grec, trouvées à Tarraco (Tarragone), capitale impériale de la province romaine, et à Dertosa (Tortosa), l’importante citée, sur les rives de la rivière de l’Ebre.
Mais aussi ces inscriptions avec des caractères hébreux retrouvés sur une amphore découverte à Ibiza.
En terres catalanes, depuis plus de 1 000 ans, les Juifs faisaient partie du paysage social et culturel, et furent le fer de lance des connaissances scientifiques et académiques et de la production artistique. Au Moyen-Âge, ils vivaient de façon relativement harmonieuse avec la communauté musulmane et chrétienne. En raison de leur culture, de leurs connaissances et de leur artisanat, ils étaient particulièrement appréciés.
Lorsqu’un 16 mai de l’an 1027 l’abbé Oliba avec le consentement des Contes catalans initie “La Paix et Trêve de Dieu ” à Toulouges (aujourd’hui sous administration française), suspension de l’activité guerrière de la neuvième heure du samedi jusqu’à la première heure du lundi pour le premier texte. Cette première assemblée démocratique pour la protection des humbles et la régénération du pays fît appel pour les textes qui suivirent à des juristes juifs pour rédiger l’ensemble du corpus juridique.
La liste des autres secteurs où les juifs ont excellé en Catalogne est très longue, comme en médecine, philosophie, poésie, etc… Leur capacité à financer et à faire du commerce les a amené à être très respectés par la noblesse et les rois, qui les ont également utilisé comme banquiers pour financer leurs projets.
En temps de crise, comme lors de l’incendie des quartiers juifs appelés “Call” en 1391, c’est l’intervention du roi Joan Ier qui stoppa les pillages et massacres perpétrés par le peuple devenu fou, suite à la manipulation de moines chrétiens étrangers qui cherchaient à déstabiliser la monarchie. À Majorque, la fuite de nombreux Juifs a déstabilisé l’économie de l’île, mais les convertis forcés, reprirent leurs affaires sous une nouvelle identité avec des noms chrétiens. À la fin du XVe siècle, les convertis détiennent le monopole du savon, de la soie, du velours, de l’argenterie (16 orfèvres) et de l’habillement (112 ateliers).
En 1492, Ferdinand d’Aragon et Isabelle de Castille signèrent à Grenade le décret de conversion ou d’expulsion de toutes les personnes de religion juive qui vivaient sur leurs domaines. Ceci mit fin à la coexistence et aussi à un siècle de sévères persécutions commencées avec les pogroms de l’an 1391, qui avaient conduit à des massacres et conversions forcées.
En Catalogne, en 1492, les Juifs furent réduits en une petite communauté de 8 000 personnes, contre 50 000 avant les pogroms de 1391 (15 % de la population de la Principauté). Le décret eût peu d’effet sur la Catalogne, et la plupart des Juifs catalans qui avaient survécu aux pogroms, avaient soit entamé leur exil ou s’étaient déjà convertis au christianisme. La position sociale et économique fût décisive. Et contrairement à ce qui c’était passé un siècle antérieur, les plus riches sont devenus et ont accédé à des postes de la société jusque-là, par leur condition, ils étaient privés. Certains rejoindraient même la chancellerie de Ferdinand le Catholique.
Routes d’exils avec les pogroms (de l’an 1391) et décret d’expulsion (de l’an 1492)